Intervention de Mansour Kamardine

Réunion du lundi 30 octobre 2023 à 17h30
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMansour Kamardine :

Monsieur le ministre délégué, je note avec beaucoup d'intérêt que vous vous battez pour que les choses aillent mieux. Malheureusement, on peut retourner le budget dans tous les sens mais le compte n'y est pas. La commission des finances a d'ailleurs complètement modifié la répartition des crédits de la mission.

Vous dites que le Gouvernement fait beaucoup de choses. Mais, s'agissant de Mayotte, il y a une très grande différence entre les priorités de l'État et celles de Mahorais. Ce ne sont pas des écoles et des logements sociaux que nous souhaitons, car ils agissent comme des aimants pour l'immigration clandestine.

La majorité a rejeté ma proposition de loi destinée à assouplir les conditions d'expulsion des étrangers constituant une menace grave pour l'ordre public, alors qu'il s'agit d'une priorité pour les Mahorais. Nous voulons que l'État agisse dans ses domaines de compétences que sont les universités ou la construction des routes nationales, d'une piste longue d'atterrissage et des aménagements structurants pour le territoire. Nous voulons que vous contrôliez efficacement l'immigration.

M. Vuilletet a raison lorsqu'il dit qu'il faut rattraper des décennies de sous-investissement outre-mer. On compte 40 % de chômeurs à Mayotte ! Et il n'y a pas d'assainissement des eaux usées, alors que c'est-ce une obligation pour l'État. J'ai le sentiment qu'il y a une forme de cynisme et que l'on est prêt à payer des amendes à la Commission européenne, mais pas à investir à Mayotte. Telle est la réalité.

Je salue les efforts menés en matière de lutte contre l'immigration, mais il faut aller encore plus loin. De plus, au nom de cette même lutte, on a chassé les marins mahorais de leur lagon au motif que leurs bateaux ne seraient pas aux normes. Mais on ne fait rien pour les aider à avoir des bateaux conformes à la réglementation.

On peut dire que des choses sont faites par le Gouvernement, mais le compte n'y est pas.

Vous nous parlez des CCT mais on ne trouve pas les crédits nécessaires dans le PLF. Je ne sais pas comment vous allez faire pour financer ces CCT.

Vous avez dit tout à l'heure que 411 millions étaient consacrés au problème de l'eau à Mayotte. Mais cette somme était déjà prévue en 2017. Quelle part a-t-elle été mobilisée en réalité ? Certains expliqueront que c'est de la faute des élus… Non ! Des articles parus dans des grands quotidiens nationaux montrent que c'est bien l'État qui est responsable de la situation. Il s'agit certes d'une compétence des collectivités, mais qu'en est-il quand l'État n'accorde pas les moyens nécessaires et que le préfet ferme les robinets pour – et je pèse mes mots – assoiffer délibérément les populations ? Nous avons le sentiment d'être rejetés. Chaque fois qu'il s'agit de Mayotte, on dit que cela coûte cher.

Je vous ai adressé un courrier aujourd'hui au sujet de l'application de la loi de programmation relative à l'égalité réelle outre-mer, qui prévoit d'établir un plan de convergence s'appuyant sur un diagnostic complet.

Je sais que vous faites l'effort d'essayer de nous convaincre de voter en faveur de ce budget, mais je prendrai ma décision en fonction des amendements qui seront retenus lors de la suite de nos débats.

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